La pratique de la citoyenneté démocratique est en transition à bien des égards. Il y a des changements fondamentaux dans les conceptions de la citoyenneté démocratique et dans sa pratique ainsi que les objectifs de l’action citoyenne. Le scepticisme au sujet de la démocratie représentative en tant que système de gouvernance est en essor et les citoyens des démocraties établies se retirent de la politique. Leur perception du monde politique est influencée par les transformations dans les pratiques des médias d’information et par le contenu en ligne, y compris les médias sociaux. Le vote et la politique des partis ont été à la base des interprétations classiques de la citoyenneté, mais il est largement prouvé que cette conception est trop limitée. De nouvelles formes de communication offrent aux citoyens de nouvelles façons de recueillir de l’information et de s’engager dans la politique.

THÈMES

THÈME 2.1 : Faire des choix dans la vie publique

L’idée que le vote est un devoir civique est depuis longtemps au cœur des normes de citoyenneté. Les élections sont généralement perçues comme des mécanismes clés pour lier les citoyens et les politiciens, faire en sorte que les opinions des citoyens soient représentées au sein du gouvernement et offrir un moyen de responsabiliser le gouvernement (Przeworski et al., 1999). Compte tenu de leur rôle central dans les démocraties représentatives, les élections constituent l’une des principales possibilités d’exercice de la citoyenneté démocratique. Toutefois, plusieurs événements remettent en question le rôle des élections en tant que mécanisme central des systèmes démocratiques. Dans de nombreuses démocraties avancées, les opinions des citoyens et leurs préférences politiques semblent polariser et radicaliser la population (Iyengar & Westwood, 2015). L’essor récent des partis populistes montre que les citoyens adoptent des positions politiques plus radicalisées, tant à gauche qu’à droite (Kriesi, 2014; Norris, 2005). Nous examinerons si le Canada ou le Québec sont susceptibles de suivre cette voie.

THÈME 2.2: Percevoir le monde politique

Beaucoup de nos opinions et attitudes politiques sont déterminées par la façon dont nous percevons le monde politique. Certains prétendent que nous vivons dans l’ère de la post-vérité (Keyes 2004), où les faits sont souvent dominés par des sentiments et des perceptions. Ces perceptions sont motivées en partie par des messages et des rhétoriques émanant des médias et des acteurs politiques (Zaller 1992, 1996), mais les perceptions politiques ont également des racines dans une variété de processus sous-étudiés tels que les réponses physiologiques des personnes et la physiologie du cerveau (Oxley et al. 2008; Amodio et al. 2007).

THÈME 2.3: Un paysage médiatique en évolution

Le paysage médiatique est en cours de changement radical. La voix autoritaire des médias d’information s’érode à mesure que les transformations technologiques, économiques et politiques élargissent l’éventail des acteurs concurrents (Williams et Delli Carpini, 2011). Ces changements incitent les citoyens à utiliser de plus en plus souvent un large éventail de médias sociaux et de ressources en ligne pour obtenir de l’information sur la politique. De plus, les politiciens et les partis ont intégré les technologies en ligne dans leurs campagnes électorales (Stromer-Galley 2014 et Vaccari 2013). Dans ce thème, nous explorons comment ces transformations façonnent le caractère de l’information et de la communication politiques et la pratique de la citoyenneté démocratique.

THÈME 2.4: Variétés et transformation de l’engagement citoyen

Au-delà de la collecte d’informations, les technologies numériques changent aussi la façon dont les citoyens s’engagent dans la politique. La participation électorale et partisane est en déclin, mais les citoyens trouvent de nouvelles façons d’exprimer leurs opinions politiques car les technologies de communication facilitent de nouvelles formes d’engagement politique. Les citoyens utilisent aussi des manifestations créatives telles que les flash mobs, le consumérisme politique et le brouillage culturel (culture jamming). Au fur et à mesure que le répertoire de l’action politique se développe (van Deth 2014), les inégalités qui caractérisent traditionnellement les formes conventionnelles d’action politique façonnent-elles de la même façon le numérique et d’autres formes de citoyenneté?

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